Tapadh Leat
- bijounicoleb2
- 1 août
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 août
Blog de Sarah
C’est bien plus tard qu’il a trouvé cette lettre cachée au fond d’un tiroir de la cuisine de Glas Maol.
Bien après que je lui ai raconté des bribes de cette histoire
Bien après que nous nous soyons confié nos chagrins passés
Bien après la première fois que nos peaux se soient touchées
Bien après que chacun de mes retours à Paris se transforment pour chacun de nous en déchirure.
Bien après que nous ayons pris conscience que l’amour entre nous était une évidence depuis le premier jour.
Un soir, alors que nous regardions le soleil se coucher, il m’a posé cette question :
- S’il te l’avait demandé, est-ce que cette fois encore tu lui aurais pardonné ?
Sans hésitation, j’ai répondu :
- Non.
- Pourquoi ?
- Parce que j’ai trouvé en moi mieux que ce qu’il m’offrait. Car il y a toujours mieux que la haine, les larmes et la douleur. Mieux que le chagrin et le silence, mieux que le mensonge et la feinte. Parce que je suis une personne à part entière, pas la moitié de lui, pas une mendiante.
Et j’ai ajouté en riant :
- Et aussi parce que je ne suis pas une demi-portion !
Il a ri avec moi. De bon cœur. De ce rire franc et doux comme un soir d’été.
Puis, il a demandé :
- Tu penses encore à lui ?
- Oui.
- Et tu penses quoi, lorsque tu penses à lui ? »
- Je pense que je sais ce qu’il attendait encore. Et cela me fait mal… un peu. Je pense aussi, que tant qu’il ne m’aura pas demandé pardon, qu’il n’aura pas compris que c’est pour lui qu’il aurait dû le faire, il aura mal, très mal. J’en ai l’intime conviction.
Alors, Darren a passé son bras autour de moi et d’un geste tendre a repoussé une mèche de cheveux qui tombait sur mon front.
- Il attendait quoi ?
- Que je le supplie… que je m’humilie encore, que je me défasse de ma fierté, que je le flatte, que je m’abaisse… que je plie sous l’insulte de ses dernières paroles… Toutes ces choses que je faisais avant, ces choses qui me mettaient à mal.
- Alors ? Pourquoi cette fois ne l’as-tu pas fait ? Qu’est-ce qui était différent ?
- Moi. Moi j’étais différente. Il ignorait une chose capitale sur moi, sur ma personnalité, une chose dont je lui avais parlé pourtant.
- Si tu veux bien, si tu l’veux vraiment Luciole, j’aimerais connaître cette chose moi aussi.
- C’est juste que j’ai bien plus de forces qu’il ne pouvait l’imaginer.
Pas au début, parce qu’au début j’étais à terre, à sa merci. Parce que j'avais vécu une fin de mariage difficile et que lui m'avait fait croire qu'il m'aimait et quitterait tout pour moi.
Mais ensuite, peu à peu, à chacune de ses colères, à chacun de ses mensonges, à chacun de ses silences et à chacune de ses insultes, je reprenais des forces.
Plus il m’abattait et plus j’étais capable de résister. Plus je pleurais, plus je me perdais, plus mon corps me lâchait et plus je prenais conscience de sa folie.
Je savais que viendrait le moment où je lui tournerai le dos, où ce serait terminé, où ma porte serait fermée. Je savais aussi qu’après cela, ce serait lui qui souffrirait. Mais ça ne me faisait plus mal de savoir qu’il pouvait souffrir.
Je devenais indifférente à sa douleur, parce qu’il était en train de me tuer, de me tuer vraiment, littéralement, tu comprends ? Il était en train de commettre un meurtre de sang-froid. Je ne pouvais pas le laisser me faire ça.
Darren a pris mon visage entre tes mains et m’a regardée longuement.
Puis, il a déposé un baiser sur mon front et murmuré si bas que je l’ai à peine entendu :
- Tapadh leat. » (merci)
- Pourquoi ?
- Pour ne pas l’avoir laissé faire.
Ensuite, il m’a serrée contre lui longtemps, me murmurant des mots d’amour et de paix dans une langue que je ne comprends pas, des mots anciens, intraduisibles sans doute. Et la chaleur de ce langage a déposé une aura de paix sur mon âme.
Octobre - au coeur de Glas Maol
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