De fil en aiguille
Poésies & prose
Les brindilles
De fil en aiguille
Les jeunes filles graciles
De leurs regard futiles
Déshabillent les garçons malhabiles
Qu’elles se nomment Camille ou Pétronille
Elles ondulent telles des brindilles
Et usent de leur voix cantabile
En versant des larmes de crocodiles
Les âmes perdues
Faisait-il soleil ce jour là, La terre a-t-elle tremblé, était-ce sous la lumière irisée d'une nuit parfumée ?
Avait-il des souliers blancs, ou bien noirs, était-elle vêtue de sa robe de dentelles ?
Était-ce en été, en automne, peut-être en hiver ?
Je l'ignore.
On m'a raconté qu'ils se tenaient par la main, que leurs mains se serraient si fort que leurs peaux avaient la pâleur des coquillages nacrés.
J’ai trouvé si peu de traces sur le sable mouillé : 2 bagues, un collier, une rose blanche, un soulier, une empreinte de pied presque effacée.
Peut-être l’ai-je imaginé… Je ne sais pas…
Devant la mer déchaînée, à genoux j'ai prié, guettant le signe absolu, la certitude que ces âmes captives étaient libérées.
Plus tard, c'est du haut de la dune, lorsque je me suis retournée que j'ai vu au loin sur la mer, dans les derniers rayons du soleil, les silhouettes enflammées de leurs corps enlacés.
La consigne
Mon amour puisque tu pars
Emmène avec toi les jours de pluie
Les insomnies et le vacarme de nos cris
Prends les rancœurs et les larmes
Les jours de peine et le chien qui aboie
Mon amour puisque tu sors
Prends le temps de t’arrêter
Commander chez le marchand de fleurs
Quinze roses et une pensée
Pour chaque anniversaire que tu as oublié
Mon amour puisque tu pars
Pour la dernière fois
Prends l’escalier
Celui-là même ou tu m’as embrassée
Près du marché aux puces, à gauche de l’arrêt de bus
Continue sur le boulevard
Casse les ampoules des réverbères
Que la nuit ne te voit pas errer
Mon amour puisque tu pleures
De n’avoir pas su dans tes bras me garder
Laisse ton cœur à la consigne
De la gare d’Austerlitz
Casier 228 – rangée 6
Le code est inchangé
Mon amour puisque t’as peur
De ne jamais revoir l’été
Emporte la chaleur de nos corps enlacés
Souviens-toi de nos fous rires
Au milieu des champs de blé
Mon amour puisque t’es seul
Puisque t’es triste
Que la vie ne soit pas un conte de fée
Viens, cours, vole, hurle mon nom
Sur chaque mur peins mon portrait
Prends-moi dans tes bras
Fais-moi l’amour et jure-moi
De ne plus jamais me laisser !
La roue carrée
Pourquoi cet inutile pantin
me tire-t’il par la main ?
Je ne veux pas avancer
je ne veux pas le suivre
qu’il me laisse en paix
je veux aller danser
me saouler, rire et m’amuser
rien ni personne pour m’emprisonner
laissez-moi rêver
laissez-moi me souvenir
de ce temps où sa main tenait ma main
où ses bras m’enlaçaient, me serraient
laissez-moi pleurer, crier, hurler
au petit matin le supplier de revenir
je vous en supplie laissez-moi errer
sur le bord des chemins qu’il empruntait
je marcherai des années mais je le trouverai
au milieu de la foule je le reconnaitrai
il s’approchera de moi
je regarderai ses mains
et je me mettrai à trembler
je fermerai les yeux et lorsque je m’éveillerai
près de lui je serai couchée
je rayonnerai alors dans l’éclat de son sourire
je serai femme féline, il sera tout ce qu’il voudra
plus rien jamais ne nous fera mal
plus personne ne pourra nous séparer
et même si je dois en mourir
je serai à ma place dans ses bras pour l’éternité